Si on en croit les promesses (mais, bon, a priori, on se méfie) de la communication de Gallimard, le nouveau petit livre de Jonathan Littell, l'auteur des Bienveillantes est une réponse aux critiques adressées aux Bienveillantes. En fait de réponse, il s'agit plutôt, conformément aux habitudes du très réservé lauréat du prix Goncourt 2006, de la synthèse de recherches sur un nazi belge, Léon Degrelle. L'étude de Littell, précise, argumentée et illustrée, n'apporte rien de révolutionnaire. Il met en évidence des constantes de la langue fasciste, se met dans les pas d'un chercheur inspirant pour établit un sorte de paradigme de l'écriture nazie.
De la polémique qui a entouré les Bienveillantes, il n'est touché mot sous la plume de Littell, et c'est un peu dommage, la lecture du Sec et l'humide en serait moins aride. Mais à bien y réfléchir, ce petit essai répond bien, par l'illustration plutôt que par l'affirmation, au principal critique des Bienveillantes.
Dans Le nouvel observateur, Claude Lanzmann, le réalisateur de Shoah, avait décrété du haut de son expérience - qui fait autorité - que Littell avait "inventé" la langue des nazis, puisque "les nazis ne parlent pas".
Il aura suffit à Littell de produire l'exemple décortiqué du discours prolixe d'un nazi, pour relégitimer son oeuvre magistrale.
Cela dit, la lecture du Sec et l'humide est très loin des passionantes découvertes des Bienveillantes... on attend avec impatience le prochain roman - y en aura t-il un prochain? - du laconique Littell.
1 commentaire:
La langue des nazis existe : c'est la L.T.I ( Lingua Tertii Imperii) magistralement dénoncée par Victor Klemperer.
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