mardi 11 mars 2008

petit livre brun


Matin brun est une petite plaquette dont je ne connais pas l'auteur. Je veux dire, Franck Pavloff, je ne sais pas qui c'est, pourtant on dirait qu'il a des choses à dire et qu'il les dit bien. Bien et vite: Matin brun se lit en trois stations de métro, entre Mont-Royal et Baubien, en ce qui me concerne.


Charlie et son ami ont respectivement un chat noir et blanc et un chien noir. Pas de chance, le nouveau régime ne tolère plus que les animaux bruns.

Charlie et son copain sont un peu tristes de devoir se séparer de leurs bêtes, mais se disent que finalement ça n'est pas si cher payé pour être en règle vis-à-vis de la loi.

Pavloff peint magistralement le moment de bascule dans le totalitarisme, autorisé par les citoyens sans même qu'ils s'en aperçoivent. Parce qu'ils croient qu'on peut abdiquer de petites choses, que ça ne les met pas vraiment en danger. Un chien brun, un pastis brun, après tout pourquoi pas? Plus troublant, Pavloff pointe le sentiment confortable, sécurisant, que procure l'obéissance à la loi, fut-elle absurde, fut-elle liberticide. De loi étrange en État totalitaire, la transition se fait en quelques lignes, en un instant. On se réveille un matin brun en prison. On se demande pourquoi on n'a pas résisté plus tôt, mais il est trop tard pour comprendre.


On dirait au début que Matin Brun est une fable, avec ses histoires de chats et de chiens pas de la bonne couleur. On fait comme les personnages, on ne prend pas vraiment cette loi au sérieux. Mais justement, aussi insignifiant qu'il soit, le moindre signe d'arbitraire dans l'État, c'est la porte ouverte au totalitarisme.

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